1-La fabrication
Cabinet de rêveries mécaniques du Docteur Prout.
Avez-vous déjà entendu parler du Dr Prout ?
Eh bien ! ceux qui n’ont pas eu la chance d’écouter en spectacle au moins une fois le Docteur dans ses digressions méthaphysicoalchémicoélectromécanopoétiques, n’a rien entendu !
Passer un moment dans son atelier en partageant un petit verre de blanc ou être pendant plusieurs jours dans l’aventure commune d’une réalisation mécanique est un pur moment de plaisir. Mais, attendez que l’on soit bien chaud, quand l’arc a scintillé toute la journée et que les projections se sont révélées être juste comme il faut et là ! c’est l’explosion verbale, la joute des mots, l’entrelacement des épithètes. Le Dr Prout exhale une joie viscérale dans la description de cet univers qu’il crée au fur et à mesure de ses multiples et fascinantes inventions. Un vrai bonheur !
Nous sommes ici dans l’antre de l’artiste Grégory Hitier alias Le Dr Prout. Le Dr Prout est un artiste sculpteur de Clermont-Ferrand (63, France, Terre). Mi-extra-terrestre, mi-poête, il nous fait voyager dans un univers onirique où les machines n’ont d’autre utilité que de faire marcher l’imaginaire. Prisonnier d’un monde où la machine aliène l’Homme, au lieu de le libérer, pris dans la course éperdue du progrès technique, qui nous interdit la réflexion sur ce qui pourrait être le vrai progrès pour l’humanité, notre monde devient dérisoire. Les machines à ne rien faire du Dr Prout sont au carrefour de cette réflexion, n’ayant aucune valeur ajoutée matérielle, elles nous invitent à rêver sur leur fonctionnement dérisoire et deviennent, de ce fait, de la poésie. Chaque machine est l’expression ludique d’une fonction technique, mécanique ou physique, où rien n’est caché. Il n’y a pas de mensonge, et c’est de cela que sort la magie. Réalisées principalement en métal, cuivre et acier, en y associant d’autres matériaux comme le verre, le bois ou encore les moustaches de chat, ces machines d’aspect filiforme, tout en foisonnant de détails, créent un univers imaginaire, poétique et libérateur.
Site Dr Prout
PHASE DE FABRICATION du boîtier qui enfermera l’appareil photo et qui sera installé sur une terrasse en extérieur au 7e étage d’un immeuble juste en face de la Muraille de Chine. Pour la fabrication du boitier, nous avons utilisé un boîtier électrique étanche et normalisé pouvant résister aux intempéries et à la chaleur du soleil. Le châssis en acier est réalisé sur mesure par le Docteur pour assurer une parfaite stabilité dans le temps : le point de vue ne devait PAS varier d’un iota.
Ouvrage de qualité supérieure !
2-L’installation
Au plus près de la Muraille
Sur la terrasse de Monsieur et Madame F.
J’ai eu la chance de trouver des gens forts sympathiques qui m’ont autorisé a installer le boîtier de prise de vue sur leur terrasse, au sommet d’un immeuble idéalement placé pour photographier la Muraille de Chine.
Franchement, je ne pouvais pas trouver meilleur emplacement.
Pas trop loin, pas trop près. Lorsque j’ai fait la première photo avec le téléphone, l’édifice était au maximum de la largeur, juste ce qu’il faut sur les deux cotés, à droite puis à gauche. Impec !
Il ne restait plus qu’à fixer solidement à la rambarde de la terrasse le boîtier avec le support tous terrains que nous avions prévu avec le Dr. Prout.
Une fois le boîtier en place et après avoir bien vérifier que je recevais les images sur mon téléphone personnel, j’ai pu refermer le boîtier et quitter les lieux.
Commençait alors la longue période de gestion et de stockage des milliers d’images que j’allais recevoir tous les jours pendant plus d’un an directement sur mon ordinateur…
VERSION AVEC PANNEAUX SOLAIRES POUR FONCTIONNER EN 24/7
Croyant trouver une prise électrique sur la terrasse des gens qui ont accueilli la machine, j’ai dû improviser une installation solaire en installant quatre petits panneaux pliants qui alimentaient une batterie spéciale smartphone qui elle-même alimentait le téléphone de l’installation. L’énergie en boucle perpétuelle 24/7… Du feu de Dieu !
3-Le timelapse
Choix de la solution matériel pour la prise de vue
Bien qu’il existe des solutions toutes prêtes comme Tikee, j’ai opté pour une autre solution car le tarif qu’ils pratiquent ne me permettait pas de financer un tel investissement.
C’est alors que j’ai imaginé ce système avec un téléphone programmé pour accomplir cette tâche quotidienne sans intervention extérieure une fois que le système est lancé, si ce n’est de stocker les images sur des disques durs au fur et à mesure.
Mon choix de téléphone étant aussi conditionné par le budget alloué, je ne pouvais me permettre un iPhone dernière génération, alors j’ai pris le Xiaomi Redmi Note 10 Pro pour 198 € (une centaine d’euros actuellement) mais qui permet néanmoins de sortir des images avec 108 Mpx (108 Millions de pixels – 12000 x 9000 pixels).
Bien que la cellule de la caméra soit d’une qualité médiocre surtout dans les basses lumières, je savais que les images de la démolition seraient essentiellement prises de jour avec une lumière suffisamment bonne pour avoir de bonnes expositions. Les premiers tests furent concluants.
Programmation du téléphone avec Tasker™
D’un abord assez simple, cette application n’en possède pas moins toutes les qualités d’une application majeure dans le domaine de l’automatisation de systèmes ou OS.
Qu’est-ce que c’est ?
Tasker est une application pour Android qui effectue des tâches (ensembles d’actions) en fonction de contextes (application, heure, date, lieu, événement, geste) dans des profils définis par l’utilisateur ou dans des widgets d’écran d’accueil cliquables ou temporisés.
Ce concept simple étend profondément votre contrôle sur votre appareil Android et ses capacités, sans avoir besoin de « root » ou d’un écran d’accueil spécial.
- Programmer une fréquence de prise de vue avec les bons paramètres (Pro) de la caméra.
- Programmer l’envoi de chaque photo après la prise de vue sur un serveur Drive chez Google (abonnement 100 Go/ans 10 €) avec la carte sim du téléphone, abonnement 4G chez Free 9,99 €/mois (promo annuelle 2022/23).
- Programmer le « reset » du téléphone pendant une heure la nuit et vider la mémoire du téléphone pour commencer une nouvelle journée avec la mémoire vide.
Il m’aura quand même fallu trois bons mois d’expérimentations pour mettre au point le programme afin qu’il puisse tourner en 24/7 sans plus aucune intervention extérieure.
Voici la programmation qu’ils affichent sur les screenshots de l’application… un truc basique, tu cliques sur un bouton à l’accueil de ton smartphone et… le téléphone ouvre l’application « musique », avec un « volume 10 ».
Voici la version que j’ai dû créer… pour automatiser et envoyer les prises de vues tout en étant prévenu que la photo a bien été envoyée.
Tant que je recevais des messages sur mon téléphone perso, c’est que la machine fonctionnait…
Le montage du film
Je pensais que ce serait plus long…
La programmation du téléphone me donnait environ 550 à 600 photos par jour allant de 5 h du matin jusqu’a 2 h matin. Le rythme des prises de vue au lever et au coucher du soleil était plus intense, environ une image par minutes, la lumière est plus intéressante mais les grues ne fonctionnent pas. De 8 h à 18 h, le rythme des photos était de une image toute les trois minutes trente.
Bien que submergé par la quantité d’images produites et envoyées par la machine, je n’ai pas eu trop de mal à rechercher les photos qui montraient l’engin de destruction à l’ouvrage et le timelapse a été fait relativement rapidement dans la journée avec musique et générique inclus.
Au total, le timelapse dans la version présentée, aura nécessité 5018 images sans compter les génériques. L’ensemble des images sur une année est stocké sur plusieurs To de disques durs.